Voeux 2021
Restaurant du village
Dans le restaurant d'un petit village
je redécouvre le plaisir de manger :
plaisir de manger les frites avec les doigts,
plaisir de déguster un vin doux d'Alsace,
Ce soir , mes papilles dégustent
le tête me tourne un peu,
mais cette douce ivresse m'éloigne t-elle de mon centre .
Ce soir je fête l'été !
Venue dans cette campagne morvandelle
pour retrouver la vie en moi,
j'accueille tous les cadeaux qu'elle m' offre
et qui redonne un sens de complétude à ma vie.
J'avais rejeté depuis toujours les plaisirs
dans lesquels mon père se vautrait,
sous le regard maudit de ma mère .
Mon corps privé du plaisir des sens,
réapprend et s'émerveille :
plaisir du corps qui s'abandonne à l'autre avec volupté ;
plaisir de sentir l'odeur du pain chaud sortant du four,
la gourmandise aiguisée en le savourant ;
plaisir de sentir le vent soulever mon abondante chevelure ;
plaisir d'entendre de la musique en marchant dans la rue ;
Des airs de guitare m'appellent et
comme les rats, attirés par le joueur de flûte ,
je m'approche d'un groupe jouant « Besame mucho ».
Je sens des fourmillements dans mes jambes,
dans mon corps renaît l'envie de danser !
Quel bonheur de sentir mon corps vivant !
quelques heures avant je priais avec les moines qui psalmodiaient…
suis- je spirituelle ? oh que oui.. !...
La spiritualité ne se cache pas derrière
des attitudes ou des mines sérieuses , les yeux baissés au sol.....
On nous baptise avec le sel sur la langue,
j'avais ôté le sel de ma vie
on communie en buvant le vin,
et je le rejetais.
la vie spirituelle naît dans nos cœurs,
quant elle est reliée et dédiée à Dieu .
Aujourd'hui le corps, le cœur et l’âme
sont à l'unisson.
Tous les actes de ma vie,
ont le parfum divin comme source,
et m'apporte joie et amour.
Enfin réconciliée avec elle même ;
la femme éclatée si longtemps,
rassemble les morceaux en un seul.
Et déguste la vie.
Mireille Bertrand juin 2013
Réminiscences d'enfance fin
Au crépuscule de ma vie, présent et passé se confondent et m'emportent à vive allure vers le dernier acte...
Le temps existe t -il ? Non, je le sens, le pressens...
Comment pourrait il y avoir un arrêt sur image quand je rendrai mon dernier souffle dans les mains du très haut.
Cette conscience , qui me fait revoir ces extraits de film de ma vie , sera toujours vivante.
Emportera-telle dans ses bagages, quelques résidus de peurs...des désirs inassouvis, ou sera t-elle libérée, à jamais, portée par l'Amour, reliée au divin ?
Cet après midi n'a pas d'age, moi non plus..ce n'est pas la petite fille avec ses attentes et ses ennuis qui parle, non , c'est bien la femme, mûrie par les épreuves de la vie ;
je ressens une grande force jaillir de cet éclat de conscience qui m'éblouit, une grande liberté intérieure:
Sans vouloir voler les paroles, d'un poyaudin de St Fargeau: "je dirai que ma vie a été belle"
Des drames familiaux, certes, des manques,des brouilles familiales, des amours déçues , un travail que je n'avais pas choisi, mais aussi des rencontres hors du commun qui m'ont guidées sur mon chemin spirituel, un travail personnel sur moi qui m'a ouvert les yeux et la conscience...et après des années galères, une ouverture du coeur qui m'ouvra à la vie; celle que je pouvais me créer, en toute confiance.....je me réalisais enfin.................... personnellement..
Limpidité du ciel azur !
Limpidité de ma conscience
est-ce cela l'éternité ?
à mes chers grands parents
mireille Bertrand
Reminiscences d'enfance 3EME
Je me rêvais , alors une vie « quand je serais grande »..........et en même temps j'absorbais ce présent, qui me paraissait ennuyeux......
A cet instant , il me fait l'effet d'un cadeau que je découvrirais dans un vieux coffre poussiéreux du grenier.
Un bien être m'envahit, un espace qui n'a pas de limites et qui vient de la nuit de mon temps...aucun mot ne ressuscite, non, le silence,la verdure, les arbres et le soleil.
Soleil de mon enfance heureuse où je vivais , durant les mois de vacances scolaires, une vie libre.....pas de murs, pas de portail pour nous garder en toute sécurité, à cause des peurs maternelles. Non , ici l'espace, ....les champs, les vaches, le vélo...qui me permettait de profiter de ma liberté.. , les chemins..
Les chemins où je partais me promener sans peur, chantant en regardant le ciel qui me fascinait déjà. Je chantais à tue-tête les chansons de l'époque que j’entendais chez moi à la TSF...Plus tard je partirais explorer les alentours à bicyclette, sans que ma grand -mère ne s'inquiète....
Un chemin , puis la route conduisait à la vigne de pépère ;l es journées de vendange me reviennent, il y avait des hommes, des femmes, de la joie , de la vie..l'odeur du raisin, les casse- croûtes en pleine nature, nous pouvions manger les pèches de vignes, juteuses et goûteuses....
Ce qui me frappe le plus ce soir, en écrivant , c'est la différence de vie , dans ces années 60 entre celle offerte par mes parents, confortable mais isolée, et celle de mes grands parents, simple mais libre ;
Les parents commençaient à apprécier le confort ; mes grands parents sont restés des ouvriers simples, qui connaissaient la valeur de l'argent : pas de compte en banque:les billets de 1000F entassés soigneusement sous la pile de draps dans l'armoire de notre chambre ; c'est ainsi que ma laborieuse grand -mère avait jadis acheter sa maison , en la payant comptant.
Une autre vie, comme l'ont décrit de nombreux auteurs , une vie simple, où l'on se contentait de ce qui était ; je revois ma grand-mère, assise près de son poêle, le soir ; nous restions à parler sans lumière, jusqu'à ce que le nuit nous surprenne...elle ne cherchait pas à se distraire, la pauvre femme n'avait jamais connu cela. Elle a toujours travaillé bien au-delà de 70ans...…..Elle était..
Je revois cet autre chemin qui partait de la maison, vers le « Gué de chariot », chemin caillouteux, que ma grand mère descendait en poussant sa brouette alourdie par le poids du linge dans la lessiveuse , le battoir coincé pour l' essorer..Arrivée au bord du lavoir, elle s'installait à genoux dans une caisse en bois, qu'elle appelait son cabasson et les mains libres , elles rinçait les draps dans l'eau claire...Et moi de regarder ce spectacle d'une autre vie, sur le pont qui enjambait la rivière:je regardais l'eau couler comme on regarde passer le temps qu'on ne peut arrêter..
Elle ne demandait jamais rien à personne, elle se suffisait à elle même , même seule après la mort de mon grand père....une vie saine et j'ai envie de dire une belle vie, malgré la dureté . Non distraite par le superficiel qu'elle n'avait pas, ni par les lectures, elle vivait son quotidien présente, simplement présente.
S'ennuyait elle ? Oui de mon grand père après sa mort..
A suivre
Mireille Bertrand
Réminiscence d'enfance 2eme chapitre
J'aimais m'asseoir sur le pas de porte ou sous le merisier, qui donnait de tout petits fruits rouges et sucrés, écouter les bruits alentours, les oiseaux chanter des mélodies variées, sentir la bise soulever mes cheveux et caresser mes joues rosies comme aujourd'hui. J'aimais jouer dans la petite cabane à l'ombre d'un énorme noyer apprécié les étés de chaleur. Dans cette cabane, une petite caverne d' Ali baba où je trouvais des pièces trouées d'une autre époque qu'on appelait des sous, et de vieilles cartes postales représentant de belles femmes avec un soldat, écrites au crayon de papier par un mari ou un amoureux à sa belle, pendant la guerre …
Je ne savais pas à cette époque toutes les horreurs des deux guerres...Dans ma famille, jamais personne n'en parlait ;....quelque fois, mon grand père, qui avait fait 14/18 évoquait « le chemin des dames « en regardant la fenêtre assis au bout de sa table...Que regardait- il par la fenêtre ? Que cherchait-il ? Sa jeunesse et ses illusions perdues , ou voyait -il des vieux clichés:les tranchées, ses camarades morts sous ses yeux, le froid, la misère...c'est un homme de 38 ans qui est rentré de cette grande guerre, une blessure à la cuisse, mais une , encore plus grande dans son âme...Il parlait très peu, avait du mal à marcher à cause de ses jambes, et ne faisait rien de sa journée à part regarder par la fenêtre....l'apparence d'un homme tranquille ou mort avant l'âge !
Jamais non plus , ils n'évoquèrent ces trois journées d'horreurs de l'été 44, le 17 juillet, le 2 et 7 août où les américains bombardèrent la petite ville Neuvy au bord de la Loire et leur village laissant des familles entières en deuils.
A cet age, je ne savais rien des malheurs humains, de la souffrance, je vivais dans mon monde, avec mes frère et sœur ;
j'allais le découvrir plus tard....
A SUIVRE
Mireille Bertrand
Réminiscences d'enfance 1er chapitre
Assise au bord du chemin , avec pour siège une pierre qui m'attendait...les étoiles de soleil scintillant sur l'eau du canal ; au loin , un beuglement me rappelle que je suis près d'une ferme...Aussitôt un souvenir d'enfance revient, présent, comme si la barrière du temps s'était ouverte.
Je me revois fillette timide, chez ma grand mère, seule ou du moins avec ce sentiment d'être seule.
En ce temps là , les grands -parents nous gardaient mais vaquaient à leurs occupations, sans chercher à meubler notre temps par des jeux éducatifs ...la pauvre femme n'ayant pas été à l'école, aurait eu du mal, mais ça ne se faisait pas....
Alors, j'observais les adultes, écoutais leurs conversations entre voisins et je me promenais dans la nature proche de la maison.
Un grand placier sur la butte du village où se regroupaient quelques maisons : un puits planté là, où les villageois venaient chercher l'eau fraîche ; ma grand mère avait l'eau courante depuis peu, mais elle gardait ses habitudes ; l'été , l'eau du puits était la bienvenue car elle n'avait pas de réfrigérateur ; seulement un garde- manger dans le cellier ;
la vie était très différente d'aujourd'hui ; elle vivait de ses légumes, de ses poules, de ses lapins, et n' achetait que le nécessaire en épicerie; aujourd'hui quand je vois les étalages sur- dimensionnés dans les super marchés, j'ai presque honte, pour les anciens...dans son petit buffet :un paquet de café, de farine, sel, poivre, camembert, pâtes, riz..... ..les desserts ?des pommes ou des poires du jardin,et les jours de fête des beignets qu'elle faisait elle -même ;
ah ! les beignets de ma grand mère ! tout le monde les connaissait et les appréciait;le dimanche, j'ai le souvenir du poulet rôti qui dorait dans le four du petit poêle à bois, accompagné de riz aromatisé seulement d' une gousse d'ail...je n'ai jamais retrouvé cette saveur......et le soir en hiver, des pommes de terre cuites au four accompagnées du fromage blanc passé dans une faisselle avec le lait que nous allions chercher à la ferme d' à coté....
Malheureux ? certainement pas....nous mangions à notre faim....mais il y avait une simplicité de vie, que nous ne connaissons plus...
Mireille Bertrand
à suivre
Pause O bligée
Bonjour ami(es) poètes
Peu de personnes visitent ce blog,
la poésie n'attire pas autant que les infos du moment.
La poésie est venue une nuit d'octobre , volià 10 ans
et depuis je laisse aller mon imagination
inspirée par les faits, mais surtout le Beau qui nous habite tous.
C'est comme un souffle,
comme une vague qui m'emporte sans que je sache
où je vais atterrir.
Un moyen d'évasion? ou un moyen d'invasion.
En écoutant vos émotions durant la lecture
elles vont faire écho à quelque chose d'enfoui peut être
depuis longtemps!
Durant cette période de confinement,
si vous lisez ce blog
partagez quelques commentaires..
Je les accueille toujours avec plaisir.
Profitez de ce repli pour méditer, réfléchir
Et Aimer, de tout votre coeur!
Mireille Bertrand
Qu'y a t-il à l'intérieur d'une noix
Une noix chantait Trenet
qu'est ce qu'on y voit ?
Je décortique patiemment
celles offertes par une élève.
Je les tourne, les ouvre
elles sentent bon la pluie, le vent
la terre et le soleil.
Elles m’entraînent
dans un monde souterrain,
de labyrinthes dorés
où nous allons découvrir
quelle déesse ?
Une noix,
qu'y a t -il à l'intérieur d'une noix,
mais qu'y a t il à l'intérieur de soi ?
Un espace immense qui ramène au germe
produit par deux semences
un mystère commun à toute la vie
terrestre.
Le cerneau semble avoir
deux hémisphères, comme notre cerveau
oh nature! un mystère
A l'intérieur de l'homme
qu'y a t il ?
Un espace caché ,
au très fond de lui...
Brahma dit :
« Nous cacherons la divinité de l'homme
profondément à l'intérieur de lui
car c'est le seul endroit
où il ne pensera jamais chercher »
Et l'homme, travaille, plante, récolte,
court vole, nage,joue avec des écrans
s'enivre toujours.
mais qu'y est-il ?
Avec patience, chacun, avec nos outils,
décortiquons, sentons, découvrons,
ce qui sommeille au fond de nous
au fond de soi,
« Au lieu d'aller au dehors, rentre en toi-même ;
c'est au cœur de l'homme qu'habite la vérité. »
disait St Augustin
Tourner notre regard de l'horizon,
vers notre espace immense
lumineux !
Le Soi, l' Atman
Un défi pour l'être humain,
un devoir pour l'homme incarné,
mais je m'égare
Qu'y a t -il à l'intérieur d'une noix?
Mireille B
Horreur
En apprenant la nouvelle des attentats,
en 2015 je me sentais tétanisée..
Abasourdie, devant l'horreur.
Quel être humain peut de sang froid
tirer sur d'autres êtres humains..
dans une salle ou dans la rue.
Au nom de quelle idéologie ou de quel Dieu
peut on croire qu'en détruisant la vie
on gagnera le paradis !
Aujourd'hui, 16 octobre 2020 rien n'a changé!
La tristesse s'installe devant ces jeunes, victimes,
nombreux, qui ressemblent à un frère ou une sœur ;
la jeunesse, est la vie en devenir
d'un pays.
Face à l'horreur, la révolte en sourdine,
gronde au fond de mes tripes...
comme un torrent qui enfle sur son cours
et détruit tout sur son passage...
« Est ce qu'on va tous mourir «
demande la petite fille à sa maman.
La peur au ventre sait-on ce qui nous attend
notre pays va t il ressembler au Liban,
à Beyrouth ? Et à tant d'autres qu'on oublie.
NON,
non je refuse de me laisser envahir par cette peur
qui résonne comme une grosse caisse .
A défaut de croire à la sagesse du pays,
Je m’assois en silence
en méditation .
Au rythme de mon souffle
je suis le flot de la vie
je sens la joie inconditionnelle
je sens l'amour pour tout et tous
je me sens reliée à l'univers
je suis une goutte de la création
je respire le Tout
je suis Une avec .
Et je vis,
je parle, j'écris,
je prie,
je soutiens,
je ris, je chante
J'aime les bras grands ouverts
mais en larmes....
Mireille Bertrand